Rally di Romagna 2024, le résumé intégral !

La dolce vita italienne

Nous voici en Italie, plus précisément à Salsommagiore Terme, charmante cité thermale située à une trentaine de kilomètres de Parme si célèbre pour son mythique fromage et son jambon. Autant dire que la gastronomie est belle et bien présente ici mais on a également découvert un terrain de jeu sympa que nous a proposé cette 13e édition du Rally Di Romagna. C’est parti pour 5 jours de course dans les collines parmesanes.

Par Fred Ischard – Photos : Rally di Romagna

Nous sommes le samedi 25 mai, direction l’un des nombreux parcs que recense cette très jolie cité thermale pour récupérer le dossard. Sur place, accueil chaleureux mais en plus force est de constater que les italiens savent se montrer généreux. En effet, outre le tarif d’inscription très acceptable de 450€, on récupère un package de bienvenue bien fourni avec évidemment la fameuse plaque dossard munie d’une puce de  chronométrage, un magnifique maillot aux couleurs de l’épreuve, quelques vivres énergétiques ainsi que des goodies des partenaires de l’épreuve.

Étape 1 : prologue au bike park de Tabiano

Place à la course, encore quelques heures avant le départ réel de la course. Au programme du jour, un court prologue de 23 kilomètres en guise de mise en jambes, autant dire ça promet un effort intensif. Le start est prévu à 16 heures mais force est de constater que les concurrents meurent d’impatience de s’élancer car à 15h30, le SAS de départ est déjà quasi à moitié rempli, clairement mieux valait s’y prendre tôt pour se placer sur la ligne de départ car au Rally Di Romagna, on ne se prend pas la tête avec les dispositifs de mise en grille, ici c’est premier arrivé premier servi. Bon, après les favoris de la course se permettront tout de même de se placer à l’avant en dernière minute et on ne leur en voudra pas, globalement chacun se place en fonction de sa motivation à vouloir défier le chronomètre ou non.

L’heure approche, l’orage se fait menaçant et des nuages sombres au dessus de nos têtes n’augurent rien de bon mais il n’en sera rien et c’est sous un beau soleil que se déroulera ce prologue. L’ambiance monte peu à peu puis le décompte : Cinque, Quattro, Tre, Due, Uno, goooo… C’est parti, on s’élance pour un départ fictif de près de 3 kilomètres en raison d’une piste cyclable un peu trop étroite et dangereuse pour un départ en masse face à d’éventuels piétons ou cyclistes, 300 coureurs au départ ça représente un sacré peloton. Clairement, je n’apprécie pas vraiment ces départs neutralisés à allure réduite, j’essaie tant bien que mal de garder une place dans les 15/20 premières places mais quelques obstacles à passer me font un peu reculer, l’allure est limitée à 20km/h ce qui occasionne de nombreux coups de frein car tout le monde attend d’être lâché. Je tire profit d’un petit espace dans l’herbe sur un côté pour remonter un peu vers l’avant et c’est bien placé que je parviens à m’élancer dans le peloton dans une petite montée où les motos s’écartent, celle-ci est gravie à près de 25km/h ! On enchaîne sur une courte descente très rapide puis nouvelle montée où je remonte quelques places pour me retrouver au sommet avec un petit groupe de poursuivants derrière la quinzaine d’hommes en tête de course.

Petit replat où je m’accroche aux roues de notre petit groupe d’une dizaine de coureurs puis on descend un single rapide à bonne allure, bref ça ne fait pas semblant et ça me plaît cette petite bataille. Après 9 kilomètres de course, on entre dans le fameux bike-park de Tabiano; rien de très engagé techniquement mais un dédale de traces ludiques qui tournent dans tous les sens sur un petit périmètre. Une belle grimpette puis une délicieuse descente et tout plein de petites relances où l’on se prend vite au jeu. La montée m’a vite fait explosé le cardio, je vais avoir du mal à m’en remettre. On sort du bike-park après 4 kilomètres dans ce petit parc d’attraction. Autant le dire de suite, on aura droit à cette section sur quasiment chaque étape.

Une descente très rapide et nous voici dans un camping où l’organisation a eut l’idée de tracer une petite boucle typée cyclo-cross, malheureusement avec les précédents cumuls de pluie, le terrain est complètement boueux et détrempé sur ce terrain herbeux et ce ne sera pas une partie de plaisir. Allez, chemin du retour où l’on emprunte les 6 premiers kilomètres en sens inverse. Je me retrouve à la lutte pour la 15e place avec trois coureurs que je dois laisser partir dans une montée, le fameux single rapide que l’on a descendu en début de parcours. Je me retrouve maintenant seul à la 18e place mais je ne peux résister au retour d’un groupe de 5 coureurs qui rentre sur moi sur la dernière piste cyclable à deux kilomètres de l’arrivée. Je ne cherche pas à faire le sprint sur les derniers mètres assez dangereux et je franchis la ligne d’arrivée de ce prologue à la 22e place après 1h10 de course. Immédiatement après course, place au lavage vélo avec un espace complet dédié au bichonnage de nos montures avec tout le nécessaire de lavage et de lubrification pour ressortir avec un vélo comme neuf moyennant la somme de 20€ pour les 5 jours de course, même si nous sommes en charge du nettoyage, la mise à disposition de tout le nécessaire (brosses, nettoyage haute pression, produit de nettoyage…) mérite bien cette participation. Pour terminer ce prologue, un petit ravito nous est proposé avec quelques victuailles sucrées et de l’eau plate ou pétillante à volonté.

Étape 2 : parc naturel de Piacenzano

Après une nuit de repos, place aux choses sérieuses avec l’étape reine de la semaine et ses 66 kilomètres cumulant 2200 mètres de dénivelé, autant dire une sacrée boucle bien physique au programme. A nouveau le soleil pour nous accompagner, ça promet une belle journée. Contrairement à la veille, pas besoin d’arriver trop tôt dans le SAS de départ, je parviens à me placer correctement à 15 minutes du coup d’envoi. Quelques recommandations et à 9 heures, nous sommes lâchés pour un départ fictif un peu différent de la veille, cette fois-ci trois kilomètres sur des avenues assez larges pour sortir de Salsommagiore, c’est donc beaucoup moins dangereux et stressant puis on nous lâche au pied de la première difficulté longue de quasiment 5 kilomètres, au moins chacun sera à sa place. Comme beaucoup d’ascensions ici en Italie, les pentes ne sont jamais régulières et on va vraiment trouver tout type de surface sur cette montée; un pied difficile avec des pentes raides mais roulables, un replat rapide sur asphalte avec des pentes douces, un joli chemin très casse pattes sur une crête avec une jolie vue panoramique sur les collines parmesanes et un final d’ascension très violent sur un sentier à plus de 20% très glissant où même pousser son vélo est difficile. Bref, cette première montée est vraiment exigeante et va nous réclamer énormément d’énergie. Je comprends très rapidement que contrairement à la veille, la forme n’est pas au rendez-vous et la journée risque d’être difficile, j’ai du laisser passer beaucoup de monde et je sors petit à petit de la « course » pour passer en mode où va falloir venir à bout de cette étape.

Nous voici au Monte Piazzano à près de 500m d’altitude, le sommet de cette longue montée où l’on distingue une impressionnante croix érigée. Ensuite, le piège c’est que ça ne bascule pas, on poursuit sur des chemins très très glissants dans des sous-bois où il est très très difficile de garder une trajectoire, on se croirait presque sur de la glace, du coup on avance pas et le moment de répit finalement, ce sera la montée car oui ça remonte à nouveau pour prendre un peu plus de hauteur, encore 5 kilomètres d’escalade, ce début de course n’est absolument pas de tout repos et on comprend mieux l’impressionnant dénivelé proposé. Le début d’ascension est sur asphalte avec des pentes raisonnables, 6% de moyenne sur 2 kilomètres c’est plutôt facile ici…On aperçoit le Monte Pietra Nera que l’on contourne sur notre gauche, ces petits massifs parmesans sont vraiment magnifiques mais le terrain l’est nettement moins aujourd’hui, on quitte la route pour retrouver des chemins boueux où l’on va beaucoup pousser le vélo, j’ai encore perdu des places sur la partie asphalte et me retrouve dans un petit groupe autour de la 50e place où chacun fait comme il peut pour rester sur le vélo, ça glisse énormément et la boue collante nous oblige à nettoyer le vélo en permanence car les roues ne roulent plus tellement la boue collante s’accumule. Nous voici à 700m d’altitude et on va enfin pouvoir profiter d’une belle descente, le sentier est vraiment génial, très ludique alternant portions très glissantes et portions plus sèches dès que l’on redescend plus bas et que l’on sort des sous-bois, je me fais une belle glissade à plat ventre sans me faire mal et me voici rapidement redescendu à Pellegrino.

On ne va pas voir grand chose du village, mettant à profit cette portion plate d’asphalte pour retirer un maximum de boue du vélo en vue de l’ascension suivante. On a fait une petite vingtaine de kilomètres en seulement 1h30 ! Et c’est reparti pour une ascension sur le papier très difficile, 500m de dénivelé en seulement 5km mais ce ne sera pas forcément la plus exigeante de la journée vu le terrain impraticable du début de parcours. Néanmoins, je suis deja complètement cuit, beaucoup de coureurs paraissent bien fatigués et ça nous enchante guère d’enchaîner à nouveau cette vilaine montée. Le rythme a clairement baissé d’un cran. On commence la montée par deux bornes avec des pentes à 10% sur une petite route jusqu’au petit hameau de Careno où nous attend enfin le premier ravito du jour après 23km de course. Sans le moindre doute, je m’arrête remplir les bidons et manger quelques morceaux de parmesan qui me font envie. On trouve également des parts de focaccia et divers gâteaux sucrés ainsi que des oranges et des bananes. J’aurai bien pris un peu de cola mais je n’en ai pas trouvé donc de l’eau fera l’affaire. Je repars en même temps que Federica Sesenna, la première dame qui elle ne s’est pas arrêtée et on attaque les pentes raides du Monte Santa Cristina ensemble, 3km à 13% de moyenne, bienvenue en Italie et ses infernaux murs ! Et aussi surprenant que cela puisse paraître, tout passera quasiment sur le vélo, l’asphalte a laissé place à un chemin plein de pierres et c’est au mental que ça grimpe, la moindre erreur sur une pierre et c’est à pied pour le reste de la montée. Finalement c’est cette montée qui va me rebooster un peu, je décroche Federica et son maillot orange de leader puis un petit groupe disséminé pour me retrouver un peu seul. Les 500 derniers mètres en sous bois dans des pentes à 20% s’escaladeront sans surprises en poussant le vélo sur une patinoire ou dans une pataugeoire.

Nous voici au sommet de ce Monte Santa Cristina, point culminant du jour à 950m d’altitude, en fait on aura jamais l’impression de passer un sommet; aucun point de vue ni vraiment de bascule. Je poursuis dans des chemins complètement ravagés mais qui me permettent de reprendre à nouveau quelques coureurs en ayant pris la mesure de ce terrain compliqué à rouler. Enfin à mi-parcours après 2h45 de course et je bascule dans une chouette descente technique mais également très piégeuse avec d’énormes ornières à éviter, de la boue, des pierriers, dommage que ça ne dure que deux kilomètres car depuis le sommet j’ai repris quasi une dizaine de places et la suite de la descente, ce sera un peu la déception de trouver un toboggan très rapide sur asphalte à plus de 50km/h; après tant d’efforts consentis je n’aurais pas été contre une magnifique descente plus longue. Bon, à défaut ça permet de rattraper un peu la moyenne et faire défiler les kilomètres, je me retrouve très vite au ravito du 40e kilomètre. Comme sur le ravito précédent, 20 secondes d’arrêt pour remplir les bidons et remanger quelques morceaux de ce délicieux parmesan qui devraient suffire à tenir les deux dernières heures de course.

A partir de maintenant, il n’y a plus de grande ascension mais une succession de montées d’un ou deux kilomètres sur des pentes assez raides. Je me retrouve en chasse d’un petit groupe mais je n’ai plus vraiment d’énergie sur les sections asphalte, je donne tout sur une montée irrégulière et très casse-pattes. Je vais mettre toute la descente suivante pour reprendre ce petit groupe car comme la descente précédente, la première partie est très chouette et technique mais ensuite les 3/4 de la descente se dévalent sur des chemins très rapides ou des petites routes. Je vais ensuite rester dans ce petit groupe dans la montée suivante, pas longue mais tout de même un bon kilomètre sur un chemin raide avant de basculer une nouvelle fois dans une descente conçue dans le même schéma que les précédentes; le début plutôt chouette et intéressant mais ensuite c’est tout schuss sur des chemins dans l’herbe ou sur des petites routes. C’est certain que contrairement à la première moitié du parcours, le retour est très rapide même si j’aurais apprécié des sentiers un peu plus longs.

Nous voici au km 50 et je reconnais l’endroit, c’est l’entrée du camping de Tabiano, nous voici maintenant sur le secteur du prologue de la veille, alors dieu soit loué nous n’emprunterons pas le circuit très crade du camping mais par contre on va nous faire remonter toute la montée que l’on a descendu à fond la veille pour sortir du bike-park. Donc dans un premier temps, une montée raide sur asphalte pendant deux bornes pour rejoindre une des entrées du bike-park, une jolie descente très ludique et ensuite on monte au château de Tabiano par des chemins très raides en fin de course, heureusement qu’il me reste encore un peu d’énergie. On passe devant le château et ensuite on plonge de nouveau vers le bike-park où l’on va emprunter les mêmes traces que la veille dont la fameuse et terrible montée à 15%. Cette fois, les singles sont plus secs que lors du prologue et je me fais bien plaisir sur cette section ludique. Allez sortie du bike-park par une jolie descente avec petits sauts et virages relevés. Il reste 8km que l’on connaît car il s’agit du final du prologue depuis la sortie de la localité de Tobiana, on empruntera quasiment à chaque fois le même final. Je peux donc me livrer sans retenue sur les deux dernières montées du parcours et je me retrouve avec un duo de coureurs sur la piste cyclable qui nous mène à l’arrivée. Je franchis enfin la ligne d’arrivée après 4h27 d’efforts soit à peine 1h45 pour effectuer la deuxième moitié de course, c’est dire si ça roulait nettement mieux qu’en première partie de course. La section bike-park et un final très correct m’ont permis de remonter quelques places pour venir couper la ligne à la 34e place au scratch, ce n’est pas le résultat espéré sur cette étape reine mais au regard de mon début de course catastrophique, ça reste acceptable.

Aussitôt après course, direction l’aire de lavage vélo et là malgré la chaleur ça va être la douche froide; quasiment une heure d’attente pour nettoyer le vélo, je trouve ça difficilement acceptable et beaucoup de concurrents préféreront ne pas patienter et trouver d’autres solutions… En effet, c’est un peu la cacophonie et beaucoup de coureurs passeront beaucoup trop de temps au lavage, certes les montures sont particulièrement difficiles à nettoyer vu le terrain dans lequel on a roulé mais on ne peut pas vraiment remettre en cause l’équipe d’organisation qui propose trois aires de lavage haute pression, c’est juste un problème de civisme et il faudrait probablement limiter le temps de lavage pour chaque personne afin de fluidifier tout ça et éviter les scènes d’agacements que ça a pu provoquer. Ensuite, place au réconfort avec la pasta-party à volonté, bien besoin de ça après tout ces efforts. Un bon check-up du vélo avant d’aller visiter cette magnifique cité de Salsommagiore et déjà penser à l’étape du lendemain qui nous attend.

Étape 3 : collines de Cangelasio

Troisième jour de course sur le Rally Di Romagna, direction le départ sur ce magnifique site du parc Giuseppe Mazzini. Je me place sur l’aire de départ quasi tout devant et ce à 20 minutes du départ, l’étape de la veille aurait-elle refroidie un peu les velléités des coureurs ? Pas si sûr… Allez, cette fois on aura droit à un peu d’attente pour assurer la sécurité sur le parcours et à 9h15, c’est parti pour 48km et 1700m de dénivelé. Ici on ne monte pas très haut en altitude mais les ratios kilométrage/dénivelés ne font pas rire ! On change un peu de secteur pour le début de cette 3e étape et on a de nouveau 3 petits kilomètres de parcours neutralisé sauf qu’après à peine un kilomètre, ça grimpe déjà et le peloton explose déjà dans le fictif. Bon la rampe n’est pas très longue et ça se regroupe un peu dans la petite descente sinueuse qui suit. On passe le petit hameau de Salsominore et on nous lâche à l’entrée d’un chemin très raide où au bout de 300m ça se transforme en un single qui passe à pied. Petit embouteillage et la montée se poursuit ensuite dans l’herbe, pente très raide à 15% pour atteindre l’antenne du Monte di Scipione. Ce début de parcours est horrible pour les jambes, on a tout de suite le cardio à bloc et comme le départ de la veille, je suis très limité et je me retrouve au milieu de la bataille entre les 3 premières dames qui sortent clairement du lot par rapport aux autres et autant le dire tout de suite, je vais réellement être spectateur privilégié de la bataille pour la victoire d’étape en catégorie dame aujourd’hui. Donc je redescends dans le village de Scipione, on frôle les murs des ruelles qui bordent le château puis single très sympa en sous-bois pour rejoindre la vallée du Stirone, nous voici à nouveau tout en bas après 6km de course. On s’attaque maintenant à la montée de Cangelasio, une petite route qui nous fait visiter les trois hameaux de cette localité, ça dure 4km avec une succession de pentes à plus de 10% et de replats. Que dire ? Ba sur l’asphalte, tout les italiens à quelque niveau que ce soit roulent fort et le moindre relâchement permet à un groupe de revenir. Dans cette montée, la slovène Blanka Krajnc décroche et je reste dans un petit groupe de 7/8 coureurs avec les deux premières dames.

Une fois au sommet, nous sommes à peine au delà des 300m d’altitude, on bascule dans une descente très rapide dans un chemin herbeux entrecoupé de quelques mares de boue. Je profite de la descente pour m’extirper du groupe puis on reprend le fil de la montée, enfin on attaque la montée principale du jour longue de 4 bornes mais qui nous permet d’atteindre le point culminant à près de 600m d’altitude. Elle va être bien compliquée et raide cette montée, je me retrouve maintenant avec Alessandra Sassano (2e au classement général) qui a décroché la leader. Elle est revenue sur moi et on fait l’effort pour revenir sur un groupe de 15 coureurs à une trentaine de secondes. On parvient à recoller après quelques passages boueux. Alessandra parvient à rester en queue de groupe ensuite mais pour ma part, je décroche aussitôt sur une partie asphalte où j’ai l’impression d’être collé au bitume. Je maintiens un peu l’écart et rentre à nouveau en queue de groupe suite à un joli single en descente mais je vais exploser dans la dernière rampe de l’ascension dans un single herbeux à 20% où je craque et décide de monter à pied à l’agonie totale. Et enfin voici le sommet du Monte Larino, on ne montera pas plus haut aujourd’hui. Ensuite, on va emprunter une magnifique trace façonnée à la main dans un sous-bois, ça ne dure que 600m mais ça nous fait 3 minutes de pilotage technique avec des petites relances, du dévers, des petites marches sur une trace étroite vraiment sympa. J’essaie de mettre cette section à profit mais malheureusement l’écart est trop important et je ne reviendrai jamais sur le gros groupe précédent qui a du exploser d’ailleurs. Ensuite, surprise on se retrouve au sommet de la première montée de l’étape de la veille que l’on reconnaît avec cette magnifique croix érigée. Du coup, la montée cette fois se descend et c’est nettement plus sympa ! Passage au seul ravito du jour à mi-parcours. Je remplis un de mes bidons avec une bouteille que l’on me tend et termine la descente très rapidement pour rejoindre l’entrée de Salsommagiore, cette descente m’a permis de reprendre deux coureurs mais pas la première dame toujours devant. Il serait trop facile de rentrer maintenant donc une nouvelle boucle et d’entrée de jeu une nouvelle montée, le Monte Germino qui se trouve 150 mètres plus haut que l’on atteint après 1500m d’escalade sur une route typiquement italienne, c’est à dire bien raide ! La suite est assez simple, l’organisation nous fait shunter une boucle de 2km jugée trop impraticable donc on se retrouve assez rapidement sur le final de l’étape précédente. Les 15 derniers kilomètres sont en tout point identique. Donc, pas de surprise, la descente tout schuss jusqu’au camping de Tabiano, la montée raide pour se hisser au château, la boucle du bike-park toujours aussi ludique mais que l’on commence à connaître par coeur avec cette terrible montée à 15% que l’on emprunte pour la 3e fois et le retour depuis Tabiano, on aurait apprécié découvrir une nouvelle trace pour le final ou une variante mais pas forcément simple sur une épreuve de 5 jours dans un périmètre pas trop élargi de ne pas repasser au même endroit. Et ce final permet de rejoindre l’arrivée en empruntant un maximum de chemins et évite des routes fréquentées. Final difficile pour ma part où j’ai eu l’impression d’être moins rapide que la veille alors que l’ensemble de l’étape était plus facile. Heureusement, je parviens à trouver un bon binôme pour effectuer ensemble les 3 derniers kilomètres de la fameuse piste cyclable qui longe le cours du Ghiara. Alessandra Sassano qui remporte l’étape chez les dames termine 3 minutes devant moi, Federica Sesenna qui conserve malgré tout son maillot de leader concédant tout de même près de 10 minutes sur cette étape ! Pour ma part, c’est une 46e place scratch sur cette étape, dommage de ne pas avoir pu tenir le gros groupe où j’avais mis tant d’efforts pour revenir dessus ! Allez, direction le bike wash où il faut patienter le même temps que la veille et après une bonne heure d’attente, vélo propre et place à une nouvelle pasta-party un peu différente de la veille très appréciable tout comme le repos qui va suivre afin d’enchaîner dès le lendemain sur la 4e étape.

Étape 4 : Monte Santa Catarina

C’est reparti pour une nouvelle journée de course. Sur l’aire de départ, on retrouve le maillot de leader porté par l’italien Armin Dalvai ainsi que son dauphin et coéquipier de team Marco Pini. On retrouve également un habitué du top 5 sur l’épreuve en la personne de l’allemand Daniel Gathof mais également un ancien coureur pro au sein du team Merida, le belge Kevin Van Hoovels qui se fait maintenant plaisir sur des courses à étape mais n’en demeure pas moins performant car il se trouve actuellement à la 3e place du classement, les années passent mais le talent et la motivation ne se perdent pas ! Allez, au programme du jour, une étape de 40 kilomètres avec un dénivelé de 1200m, une étape plus courte qui devrait faire du bien mais qui s’annonce intensive et autant le dire, elle le sera !

Il est 9 heures, c’est parti pour le même fictif que le prologue, la fameuse piste cyclable où ça va frotter fort, les coureurs ont des fourmis dans les jambes. Ça s’énerve un peu, même le leader de la course se retrouve enfermé et doit remonter dans l’espace en herbe qui m’avait déjà permis de remonter lors du prologue, je prends son sillage et parviens également à me repositionner même si pour ma part, je sais que je vais reculer dès la première montée où l’on sera lâché. Allez, on lâche les fauves et ça monte à Mach 12 la première petite bosse. Dès le sommet de cette petite rampe, on quitte le parcours du prologue pour un enchaînement de chemins larges dans l’herbe entrecoupés de singles et d’une belle montée sur route pour contourner la cité de Salsommagiore et se retrouver au sommet du Monte Germino directement après 10km de course sans avoir pris la moindre avenue de la cité thermale, pas mal du tout et on va vraiment finir par connaître par cœur tous les chemins du secteur. C’est donc globalement un profil montant en début de parcours, ça monte par paliers et ça roule vraiment vite; comme la veille je rate complètement le groupe autour de la 30/35e place et me retrouve à nouveau spectateur de la lutte entre les 3 premières dames.

A partir du 8e kilomètre, on retrouve un bout de la seconde boucle du parcours de la veille pour terminer l’ascension du Monte Germino mais cette fois la trace va nous emmener visiter quelques collines plus au sud et on ne sera pas déçu ! Une courte descente rapide et nous voici au pied d’un portage super raide dans l’herbe ! Je suis complètement collé, certains coureurs s’en sortent plus ou moins mieux que d’autres mais nous sommes tous à la peine. C’est assez sympa de voir la lutte pour le podium féminin, aucune ne lâche un écart et ça me motive à rester au contact pour voir un peu le dénouement et heureusement car je suis vraiment fatigué et pas du tout en jambes. Le décor est quand à lui très bucolique à travers de grandes collines et des prairies. Encore un gros portage de quelques minutes et voici enfin le point culminant au sommet de Boffalora à 450m d’altitude. Bon ba maintenant c’est sur je n’ai plus du tout d’énergie. Allez, on bascule et c’est un peu la déception, pas le moindre single,  on descend tout schuss sur une piste ! Petit fait de course, la vainqueur de l’étape d’hier Alessandra Sassano a déraillé et doit laisser filer ses deux adversaires, elle ne reviendra jamais ! Nous voici au 15e kilomètre, premier ravito que quasi tout le monde zappe vu la longueur de l’étape et le ravito suivant très rapproché. Ensuite, on a le droit à quelques kilomètres très rapides et casse-pattes avec des nombreuses petites montées raides qui vont me faire décrocher du gros groupe avec les deux féminines et heureusement voici que se présente une descente rapide, piégeuse, boueuse et glissante à souhait. Je décide de tout lâcher, soit je chute fort, soit ça passe et je rentre sur le groupe. Bon cette fois, ça passe et j’ai donc droit à un sursis en revenant sur le groupe au pied d’un gros raidard que je parviens à passer sur le vélo.

Nous voici à mi-parcours, il reste trois montées et la première se présente devant nous pour accéder au château de Tabiano par un versant pas encore emprunté, on l’aperçoit devant nous et je dois vraiment me faire violence pour ne pas lâcher de la course, je n’ai vraiment plus de jambes sur un chemin pas forcément très raide mais qui demande un peu de puissance, en plus ça dure deux kilomètres. La slovène Blanka Krajnc décroche, par contre la leader Federica Sesenna s’envole, elle court vraiment intelligemment ! Me voici au sommet et on retrouve la fin de parcours que l’on a déjà emprunté à de nombreuses reprises pour plonger vers le bike-park. Nouveau retournement de situation, la slovène me double comme une balle parfaitement emmené par un jeune coureur allemand qui va la ramener sur Federica juste à l’entrée du bike-park, je ne me suis pas fait prier et j’ai pris le sillage tout en repassant devant juste avant le bike-park sans savoir ce qui allait m’attendre… Suite aux pluies de la veille en soirée, le terrain n’a absolument pas séché et le bike-park est devenu une véritable patinoire totalement impraticable, impossible de tenir sur le vélo et quasi obligé de ramper pour passer les petites buttes tout en essayant de débourrer toute la boue qui reste collé aux passages de roues, c’est pour tout le monde pareil et à ce petit jeu, c’est la jeune slovène qui s’en sort le mieux et prend de l’avance sur cette section pédestre. Je ne suis pas celui qui galère le plus mais pas celui qui s’en sort le mieux non plus ! C’est tellement impraticable que pour la seconde moitié de peloton, l’organisation sera obligé de couper une boucle du bike-park. Évidemment, sans grande surprise on va avoir droit à la méga montée à 15% en version rallongée comme sur le prologue pour quasi remonter au château. Au sommet, c’est exactement le même final que le prologue, donc on sort du bike-park, on redescend pleine balle par la route au camping et enfin retour par le final commun aux trois jours précédents. Je parviens à remonter quelques places mais je ne reviendrai jamais sur la slovène alors que l’italienne Federica Sesenna franchit la ligne d’arrivée sur mes talons parfaitement emmenée par un petit groupe sur la piste cyclable finale. Au final, 54e place du jour en 2h25 sur une étape où les coureurs auront décidé que ça devait rouler fort. Lavage vélo, pasta-party et repos pour une dernière journée de course sur ces magnifiques collines parmesanes, il va falloir en profiter un maximum.

Étape 5 : cocktail parmesan en guise de final

On nous propose ce dernier jour un véritable mix de toutes les traces empruntées dans la semaine soit dans un sens ou en sens inverse mais ce sera globalement une très belle boucle pour finir la semaine avec 45 kilomètres et 1200 mètres de dénivelé, l’organisation ayant décidé de nous faire shunter une petite boucle de 5km jugée trop impraticable afin d’éviter les mauvaises surprises comme le bike-park qui d’ailleurs ne sera pas emprunté sur ce dernier jour et heureusement car il doit être dans un sale état ! C’est parti pour le dernier départ fictif de la semaine, on prend la fameuse piste cyclable que l’on emprunte sur un bon kilomètre avant de nous lâcher sur une montée large que l’on a pas encore empruntée pour sortir de la ville. Mieux valait être bien réveillé car on arrive très rapidement dans un goulet d’étranglement en entrant dans un single pentu où on se retrouve tous à pousser le vélo. N’ayant pas été capable de partir très vite, je me retrouve à patienter quelques instants avant de repartir. On rejoint ensuite rapidement le petit hameau de Salsominore sur le début de parcours de l’étape 3 et on nous fait ensuite découvrir une variante très roulante durant une petite dizaine de kilomètres. Cette section sera propice à des regroupements et on se retrouve par petits groupes sur des petits singles rapides et roulants au milieu des prairies. Il faut malgré tout rester vigilant lors de quelques ralentissements dus à des traversées de ruisseaux ou quelques obstacles. Je sens que je suis encore bien en souffrance aujourd’hui et ces quelques kilomètres faciles permettent de faire défiler les kilomètres dans un groupe malgré tout intéressant avec à nouveau les premières dames.

Après 13 kilomètres de course, on aperçoit d’assez loin la montée qui nous attend, il s’agit de l’ascension vers l’antenne du Monte di Scipione que l’on a gravi lors de l’étape 3 mais sur un versant différent avec tout de même le même final, ce kilomètre à 10% va vraiment faire très mal et on sent que tout le monde est fatigué. Au sommet, je suis au bord de l’épuisement. Heureusement, on connaît la suite du parcours car on va emprunter le parcours de l’étape 3 pendant une bonne vingtaine de kilomètres dans les collines de Cangelasio. Je me fais une petite frayeur en frôlant un arbre d’assez près sur le single qui descend à Scipione et ensuite c’est la longue montée sur asphalte de Cangelasio où je vois s’éloigner la slovène Blanka Krajnc qui s’envole vers une 2e victoire d’étape qui ne suffira malheureusement pas pour venir remporter le classement général (elle terminera seconde au classement final), la leader Federica Sesenna décroche assez rapidement mais va parfaitement gérer son avance et remportera ce 13e Rally Di Romagna avec une avance d’une petite dizaine de minutes. Je vais me retrouver dans un petit groupe de 3/4 coureurs italiens où je vais m’accrocher comme je peux, me faisant décrocher dans les montées et recollant au petit groupe dans les descentes. La connaissance du parcours déjà emprunté deux jours avant me permet de gérer les efforts et profiter des quelques jolis singles intéressants qui entrecoupent la longue ascension du Monte Larino et c’est à ma grande surprise dans la dernière rampe très raide à 15% que je parviens à franchir sur le vélo où je vais parvenir à décrocher mon petit groupe et m’isoler pour avoir voie libre sur le magnifique single de Larino où je gagne une bonne dizaine de secondes par rapport à mon précédent passage. On file ensuite vers la fameuse Croix du Monte Pianazzo avant de plonger vers Salsommagiore sans perdre de temps, je zappe d’ailleurs l’arrêt au seul ravito du jour prévu après 34km de course. Je termine la descente et me voici à Salsommagiore. On entre dans les 10 derniers kilomètres, voici la dernière montée; la rue Paradiso et ses 800m à 12% ! C’est la dernière montée de la semaine, il faut s’accrocher pour atteindre le final que l’on connaît car il s’agit des 8 premiers kilomètres de l’étape précédente mais en sens inverse. On a donc quelques lacets sur route en périphérie de Salsommagiore avant d’emprunter quelques chemins rapides qui vont nous mener rapidement sur la piste cyclable finale utilisée à de nombreuses reprises. C’est après 2h32 de course que je franchis la ligne d’arrivée finale avec une 54e place sur cette étape et tout juste un top 40 au classement général final.

En remportant l’étape finale, l’italien Marco Pini du team ASD Bike assure sa victoire au classement général final avec 2 minutes d’avance sur son coéquipier Armin Dalvai et 23 minutes sur le belge Kevin Van Hoovels. L’allemand Daniel Gathof et le hollandais Robin Overheem complète le top 5 alors que la catégorie Master est remportée par le belge Peter Verstraete en terminant à une excellente 7e place au scratch !

Cet événement est vraiment une valeur sûre qui a perdu un peu de son ambiance de feu des éditions précédentes mais qui n’a absolument pas perdu de sa qualité. L’organisation est vraiment sérieuse, le rapport qualité/prix est excellent. Ne manque que quelques ajustements à faire sur les parcours afin de le diversifier un petit peu plus et éviter de revenir régulièrement sur les mêmes traces mais l’orga a plutôt très bien exploité le terrain de jeu et s’est montrée très réactive afin d’ajuster le parcours en fonction des conditions météo et de la dégradation du terrain. Salsommagiore Terme est une petite ville très agréable et touristique pour séjourner quelques jours. Bref, je recommande pour ceux qui cherchent une course à étape pas trop longue sans contraintes et dans un décor vraiment sympa car ces grandes collines parmesanes valent vraiment le coup d’œil…

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