Escapade paradisiaque en suisse limousine
Après avoir vécu l’aventure à plusieurs reprises, nous étions impatients de renouveler l’expérience cette année ! Nous avions donc rendez-vous dans les Monts d’Ambazac, à quelques kilomètres de Limoges, pour la 13e édition de la Granit Montana. Immersion au coeur de la course !
Par Fred Ischard – Photos : Stéphane Heyraud et Christian Vergnaud/ Granit’Montana
Me voici ce samedi 17 juin sur les rives de l’étang de Jonas à Ambazac d’où sera donné le départ, plutôt les départs des parcours du lendemain. Côté hébergement, j’ai fait simple en réservant un emplacement au camping situé à deux pas, une tente et le tour est joué. Récupération du dossard avec en option la possibilité de prendre le repas d’après course et les tenues aux couleurs de l’épreuve. L’initiative est sympa car ça permet de proposer un prix d’inscription attractif tout en donnant la possibilité à chacun de choisir ou non ce qu’il souhaite en supplément. Par contre, la bière locale est offerte au retrait de dossard tout comme la bière d’arrivée, ça c’est chouette ! Du coup, le samedi soir c’est apéro entre amis.
En ce dimanche matin, quatre départs sont prévus avec tout d’abord l’unique épreuve chrono de cette 13e édition longue de 80 kilomètres puis les trois autres départs des épreuves randos avec les 80 kilomètres, les 55 kilomètres et enfin le « petit » parcours proposant cette année 33 kilomètres. Je vais donc tenter de défier à nouveau ces 80 kilomètres cumulant 3200 mètres de dénivelé sur un tracé comportant près de 90% de singletracks dont une bonne partie créés de toute pièce tout récemment.
Le départ étant très large, on se retrouve une bonne vingtaine dans la première ligne qui a fière allure… Pas de noms très ronflants qui courent des épreuves internationales mais des habitués de l’épreuve et des coureurs expérimentés aguerris à ce type d’efforts longs. A 6h30, le top départ est donné. Ça part de suite très vite pour se placer car on s’engouffre très rapidement sur un chemin pas très large. D’entrée, ça grimpe afin d’étirer le peloton et ce n’est pas une petite montée avec près de 7 kilomètres et 200 mètres de dénivelé. Je décide de partir prudemment et la fatigue est déjà présente, ça ne présage rien de bon pour la suite quand on sait ce qui nous attend. Cette première ascension plutôt régulière et roulante n’est de loin pas la plus difficile du parcours. Au sommet, on a le droit à un magnifique single sur un terrain meuble, une belle pente et du joli sentier bien tracé entre les arbres, ça donne déjà le ton et maintenant il faut remonter pour atteindre le premier gros sommet de la journée, le Puy de la Garde qui est l’un des trois gros points culminants de ces Monts d’Ambazac. En haut, un petit tronçon de piste nous permet de récupérer et les groupes sont bien distincts. Quant à moi, le verdict est sans appel, je suis fatigué et ne tiens pas du tout le rythme, je parviens à m’accrocher à un petit groupe de quelques coureurs autour de la 25e place que je ne suis absolument pas certain de pouvoir tenir mais j’ai dans l’espoir de retrouver un peu plus d’énergie au fil des kilomètres qui semblent longs. Ici, un kilomètre se mérite !
On attaque la descente de la Chapelle, la fameuse ! Celle-ci, c’est un mythe avec un bon nombre de franchissements assez engagés au milieu des rocs de Granit, on a à peine 15 kilomètres de course mais nous sommes bien au cœur de la Granit’Montana ; de l’engagement physique, technique, des sentiers sauvages et c’est encore loin d’être terminé. Évidemment, on remonte aussitôt un chemin assez large mais pentu, une bonne montée de près d’un kilomètre avant de basculer sur la descente de Poyaud et son impressionnante dalle et à nouveau une bonne section bien technique à franchir, quasiment la plus technique du jour avec ruptures de pente, marches et épingles en pagaille, le tout dans une belle tourbe bien molle avec du granit et des sapins pour nous accueillir. Une fois en bas, voici le premier ravito après 16 kilomètres de course. Peu de monde à l’avant de la course va s’arrêter à ce ravito pourtant si précieux. Je m’arrête juste pour refaire le plein d’eau, il ne fait pas extrêmement chaud mais on ressent beaucoup d’humidité dans la forêt.
Allez, on enchaîne par une succession de montées pas très longues et les deux descentes du Guetteur et du Castor, un peu moins impressionnantes que les précédentes mais dans la même ADN avec des singles paradisiaques qui serpentent au milieu des sapins. Une nouvelle montée se dresse devant nous et celle-ci je la connais, c’est la fameuse montée finale des premières éditions pour atteindre le village de St Sylvestre, pas facile du tout avec une pente prononcée et de nombreux cailloux. Je tente d’accélérer un peu mais rien à faire, je vais largement me contenter de rester avec les deux Masters 50 qui luttent pour la 3e place de catégorie. Passage rapide à St Sylvestre et on enchaîne encore des montées. Clairement, les 25 premiers kilomètres sont sacrément physiques, avec déjà 1300 mètres de dénivelé gravis et j’accuse encore un peu plus le coup en passant mon temps à me faire distancer puis à revenir sur les deux Masters qui roulent bon train. Après une trentaine de kilomètres, voici la bifurcation avec le parcours de 55 kilomètres. J’hésite un instant avant de décider de poursuivre sur le grand parcours. Point de passage validé, on repart à nouveau à 3 coureurs jusqu’au second ravito installé en pleine forêt, trois kilomètres plus loin. Je décide à nouveau de faire un arrêt rapide juste pour refaire le plein d’eau et je repars seul en ayant gagné du coup 5 ou 6 places.
Les quelques kilomètres suivants permettent de récupérer un petit peu, les montées sont un peu moins raides et plutôt roulantes mais par contre toujours entrecoupées de descentes techniques et piégeuses où il faut passer les franchissements en dosant les freinages. Après avoir roulé quelques kilomètres seul, je commence à reprendre quelques coureurs tout en retrouvant quelques couleurs. Je rejoins même un petit groupe de 4 coureurs avec un auvergnat et un angevin notamment. Je vais parvenir à distancer petit à petit ce groupe en profitant d’une section sauvage très rythmée autour de la carrière des Sagnes. On tourne dans tous les sens, des pierriers, des fossés, des trous de bombes, des traces à peine visible, une rampe impressionnante à dévaler en mode toboggan, des petits portages et tout ça façonné à la main par l’organisation sur plusieurs kilomètres, c’est juste incroyable ! Par contre physiquement, après déjà plus de 3 heures de course, ça commence à faire mal. De mon côté, ce n’est pas pire voire mieux et je commence à entrevoir la possibilité d’arriver au bout de l’épreuve. Encore faut-il se hisser au sommet du Puy de Forêt, une ascension atroce sur un chemin sacrément pentu en plein soleil, je lutte pour ne pas descendre du vélo. Ca passe pour ce sommet mais maintenant place aux singles du goulet de Tenelle, encore une section exigeante, pleine de relances, de nombreux petits talus à passer dans un décor sacrément sauvage, on se croirait un peu dans la jungle. Et enfin l’ultime montée vers le 3e ravito, un single très raide qui serpente en épingles que je vais en grande partie gravir en poussant le vélo. Un petit tronçon d’asphalte sur 200 mètres (les seuls…) et voici ce fameux troisième ravito du 51e kilomètre où il m’est indispensable de m’arrêter une bonne grosse minute pour manger un peu avant de repartir à l’assaut des 30 derniers kilomètres. Allez, c’est reparti pour une section très lente et sauvage. Le terrain est très mou, très escarpé, boueux par endroits. Ces quelques kilomètres sont également épuisants mais tellement joueurs, on zigzague dans tout les sens.
On passe le hameau de Saignedresse puis j’attaque la longue montée me menant à l’antenne de Grandmont par une piste en plein soleil. Je me sens un peu mieux et je reviens sur le sarthois Ludovic Charlot qui joue toujours une place sur le podium en Master 50. On va ensuite faire un petit bout de chemin ensemble. Les descentes sont toujours aussi belles, des singles ludiques, parfois un peu plus engagés mais jamais vraiment dangereux. On traverse maintenant la tourbière des Dauges, une zone très dégagée qui contraste avec l’immensité des forêts de conifères des Monts d’Ambazac. Une ultime montée raide et voici le dernier ravito du jour au village de Sauvagnac. J’effectue un arrêt express pour refaire le plein d’eau en vue des 15 derniers kilomètres pendant que Ludo file sans s’arrêter en compagnie du lyonnais Étienne Barbier. Je repars à peine une minute plus tard en pensant revenir sur le duo dans la double ascension du Puy de Sauvagnac qui nous attend, cinq kilomètres extrêmement exigeants où je vais à nouveau être à la peine et devoir laisser filer les deux coureurs. Je dois donc gérer cette double montée jusqu’à enfin apercevoir l’antenne marquant le sommet du Puy de Sauvagnac, le point culminant des Monts d’Ambazac à 700 mètres d’altitude. La fin approche, une descente rapide aussitôt suivie d’une remontée sur un chemin très cassant où il faut trouver la bonne trace au milieu des pierres. Au sommet, me voici sur le site de la « Pierre Branlante », un magnifique panorama pour pique niquer mais également le départ du Bike-park de La Jonchère. Je me lance donc sur la A-Line, une trace balisée rouge de niveau difficile mais où il est possible de contourner les modules et autres tremplins de sauts que l’on juge un peu trop engagés. Le physique commence à me manquer sérieusement et je subis pas mal la descente. Après cette partie de plaisir, place à la montée de la Fontaine du Sang que je peux apercevoir sur la gauche d’un chemin, enfin plutôt d’un pierrier où je n’ai plus l’énergie nécessaire pour passer à vélo, ce sera poussage !
Enfin le sommet qui marque l’entrée dans les 10 derniers kilomètres, place à une longue descente de deux kilomètres pour rejoindre le village de Noueix, pied de la dernière difficulté du jour sur un ruisseau où il faut jouer les équilibristes sur un tapis de cailloux glissants. Je jette mes dernières forces sur le haut de cette montée pas très longue et je reprends un coureur. On passe à nouveau au sommet de Forêt Vieille qui était le premier sommet du jour et on file sur Ambazac par le même chemin que la montée de départ en sens inverse. Le chemin est large en faux plat descendant, c’est donc une fin facile et raisonnable que l’on nous propose, ce qui n’est pas pour me déplaire. Je retrouve l’étang de Jonas mais une ultime surprise nous attend, il nous reste encore 4 kilomètres, soit un tour complet de l’étang. J’ai pu distancer le dernier coureur doublé mais un nouveau coureur, un normand qui plus est de ma catégorie Master revient sur moi. J’essaie donc d’accélérer et de relancer comme je peux sur le très joli sentier qui contourne le plan d’eau, un single plein de racines et de pontons en bois qui permettent de traverser les zones de tourbe humide. J’entre dans le dernier kilomètre, le coureur normand est distancé et par surprise je reprends mon cher coureur sarthois qui m’avait distancé dans les quinze derniers kilomètres. J’échoue de peu de passer le lyonnais qui l’accompagnait mais je franchis enfin cette ligne d’arrivée. Fatigué mais heureux d’avoir bouclé une trace exceptionnelle. Au final, une surprenante 18e place vu ma condition du jour et une inattendue 3e place en Master 40 après 6h40 de course assez loin derrière Célestin Deluche de Creuse Oxygène qui remporte cette 13e édition en tout juste 6 heures de course avec 5 minutes d’avance sur Thibault Wantellet du Montauban Cyclisme 82 et le sarthois Pierre Beaurepere. Deux femmes clôturent les 78 kilomètres de cette Granit Montana; Hélène Pietrenko, récente vainqueur du raid VTT Chemins du Soleil remporte l’épreuve en 7h56 devant Nathalie Marquiset.
Clap de fin pour cette 13ème édition de la Granit’Montana ! On ne peut que remercier toute l’équipe d’organisation pour tout le travail abattu afin de nous proposer de tels tracés et un balisage aussi parfait sur autant de kilomètres de sentiers. Quant à l’accueil, juste irréprochable, sourire et convivialité sont au rendez-vous dans les Monts d’Ambazac ! La Granit’Montana est unique de par son tracé imcomparable qui va bien au delà d’un simple itinéraire, c’est un véritable trésor de traces toutes aussi exceptionnelles les unes que les autres… Que l’on découvre l’événement ou qu’on le redécouvre, nous sommes à chaque fois émerveillé ! Je suis rincé mais je garde en tête une mémorable journée de vélo !
Rendez-vous l’an prochain pour une 14e édition qui se voudra toujours plus granitique !
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