Partager la publication "Le capteur de puissance Rotor InPower sur la route"
Après un premier test d’un InPower à VTT publié il y a 6 semaines, voir www.velochannel.com/Test du capteur de puissance ROTOR InPower, nous avons poursuivi notre essai avec cette fois-ci un modèle route.
Notre prise en main prolongée du Rotor InPower à VTT s’était révélée très favorable. La répétabilité et la cohérence des mesures, mais aussi la simplicité du concept nous avait séduits. Si l’utilisation d’un capteur de puissance est encore peu répandue chez les vététistes, elle est tout de même plus avancée sur la route. Le test du InPower ne pouvait être complet qu’en le comparant vraiment à nos références habituelles de routier, aussi bien en termes de parcours que d’intensité, et en comparant les mesures avec un autre capteur de puissance à la fiabilité unanimement reconnue (un Powertap dans le moyeu). Nous avons donc installé un InPower 3D+, avec des plateaux ronds Rotor pour ne pas perturber encore une fois nos habitudes sur la route.
Le poids
Avec un grand plateau aéro de 53 dents, le InPower s’affiche à 764 g, auxquels il faut rajouter le poids de la pile AA (23g). C’est acceptable et dans le coup par rapport aux autres capteurs de puissance. Il est à comparer avec un pédalier Shimano Dura-Ace (683 g) ou à un Sram Red (610 g), ou encore avec les capteurs de puissance SRM-Dura-Ace (768 g) ou Quarq Sram Red (778 g en GXP). C’est le prix à payer pour disposer d’un capteur de puissance dans le pédalier, peu sensible finalement en termes d’inertie car situé en bas et au centre du vélo. Si l’on s’en tient au tarif, le InPower est très bien placé avec une paire de manivelles à 899 € en 3D+, à laquelle on ajoute le prix des plateaux, ici 160 €, soit 1059 € au total. Là encore, c’est à comparer au prix d’un SRM dans la même configuration (de 2099 à 3499 € selon les manivelles), à un Quarq (de 949 à 1199 € selon le modèle et sans les plateaux), à un Stages Cycling (690 à 890 € pour seulement la manivelle gauche) ou à un Powertap (de 749 à 1299 € selon le capteur). Notons que le InPower est disponible en manivelle gauche seule, pour ceux qui disposent déjà d’un pédalier Rotor en axe de 30 mm (699 € pour un 3D+, d’autres modèles existants).
Un pédalier haut de gamme
Discrète et facile à monter, la manivelle gauche InPower sur le pédalier 3D+ s’inscrit dans la lignée des produits de la marque espagnole. Esthétique, le pédalier est aussi très rigide. Cela se traduit par un très bon rendement global, et un excellent shifting entre les deux plateaux. Aucun doute à avoir sur la qualité de l’anodisation noire sur ce pédalier en alu : ça tient et le pédalier conserve pour longtemps son allure racée.
La mesure de puissance, seulement à gauche
Comme nous l’avions précisé, le InPower ne mesure la puissance que sur la jambe gauche. Une puissance qui est ensuite multipliée par deux par défaut et transmise au compteur par l’intermédiaire du protocole ANT+. C’est parfait pour ceux qui pédalent de manière totalement symétrique, un peu moins pour ceux qui ont un décalage de puissance d’une jambe à l’autre. Le logiciel fourni avec le capteur permet le cas échéant de prendre en compte ce décalage : avec une répartition gauche/droite de 48/52% par exemple, il suffit de l’indiquer pour que le capteur prenne en compte cette différence dans l’information qu’il transmet au compteur en ANT+. Bien entendu, dans la réalité, ce n’est jamais si simple, car un décalage de puissance peut se manifester plus ou moins selon les intensités de l’effort, ou selon la position du cycliste, assis ou en danseuse. Ce qui pourrait rendre au final les mesures moins précises dans l’absolu. Reste que tout cela est à relativiser tout de même : la plupart des capteurs de puissance du marché sont annoncés avec une précision de +/- 1 à 2 %, même les plus réputés. De sorte que même un capteur SRM affiche une puissance de 297 à 303 watts pour une puissance réelle à 300 watts. De ce fait, là encore, ce qu’on demande à un capteur de puissance ne peut pas être plus précis. Ce qui est le plus important demeure la répétabilité des mesures, le fait de pouvoir se dire que pour un effort donné, le capteur se montre fiable au niveau de la fourchette de puissance qu’il indique.
Répétabilité des efforts
Compte tenu de la période, dévolue à un entretien physique plus qu’à une recherche de la forme, nous nous sommes concentrés sur des séries d’efforts à une intensité correspondant au seuil aérobie (une seule fois par semaine), en adoptant une allure la plus stable possible et afin de travailler l’endurance haute sans risquer de créer de l’acide lactique.
1 : puissance moyenne : 237 watts, FC moyenne : 151
2 : puissance moyenne : 238 watts, FC moyenne : 153
3 : puissance moyenne : 236 watts, FC moyenne : 154
Sur ce type d’exercices, une très légère dérive cardiaque est normale. L’allure adoptée est soutenue mais encore confortable. Le InPower délivre des informations comparables à celles données l’hiver dernier dans les mêmes conditions avec un Quarq.
1 : puissance moyenne : 234 watts, FC moyenne : 153
2 : puissance moyenne : 233 watts, FC moyenne : 155
Là encore, les deux séries sont comparables entre elles et avec le Quarq. La légère différence de watts entre les deux semaines peut être attribuée au fait que les séries sont plus longues ou que la condition est un peu moins bonne.
1 : puissance moyenne : 230 watts, FC moyenne : 152
2 : puissance moyenne : 229 watts, FC moyenne : 155
Notons que sur 20 minutes, outre la dérive cardiaque et de puissance fournie, il y a plus de risques d’être perturbé dans la circulation, ce qui rend compliqué un effort le plus stabilisé possible. Un tel test sur home trainer aurait été possible, mais pour des efforts aussi longs en intérieur, la dérive cardiaque due à la surchauffe serait alors trop importante.
Des efforts très courts
Nous l’avions perçu avec le InPower sur le VTT, mais les tests sur route l’ont confirmé : sur des efforts très courts, le Rotor semble un peu lent à réagir, ce qui perturbe l’affichage de la puissance maximale. Notre pic de puissance sur 3 secondes est habituellement autour de 1060 watts (pour 57 kg). Ici, impossible de dépasser les 900 watts. En revanche, à partir de 6 ou 7 secondes, le Rotor reprend le fil des mesures habituelles. Selon Rotor, ce serait une caractéristique due au niveau de filtration des données enregistrées par le capteur, et traitées par un software développé avec les équipes Lampre-Merida et MTN Qhubeka. En diminuant les filtres, le InPower serait capable d’afficher des pics de puissance plus importants, mais au détriment de la stabilité des valeurs lors d’un intervalle d’exercice plus long.
Face au Powertap
Un comparatif qui a généralement valeur de référence : utiliser un pédalier capteur de puissance avec un autre capteur, situé ici dans le moyeu avec un Powertap, coupler chacun d’entre eux avec un compteur différent, et comparer les fichiers. Un test qui nous a posé quelques problèmes, car ce Powertap a pris la mauvaise habitude de couper sa transmission avec le compteur en cours de sortie. À chaque fois, impossible de lui faire retrouver le compteur, qui s’accouplait systématiquement avec le Rotor. Pas simple à régler sur le bord de la route en plein hiver ! Néanmoins, nous avons pu à plusieurs reprises constater les différences suivantes sur les deux capteurs :
- Une cadence de pédalage surévaluée de 3 à 4 tours autour de 80 tours par minute par le Powertap
- Une différence de – 20 à – 152 watts sur un pic de 1 seconde pour le Rotor, avec des variations selon les mesures. Voir l’explication dans le paragraphe précédent.
- Une différence de 2 à 2,5 % sur un laps de temps de 30 secondes (en plus pour le Rotor)
- Une différence de 1 à 2 % sur un laps de temps de 1 minute (en plus pour le Rotor)
- Une différence de -1 à +1 % sur un laps de temps de 3 minutes et au-delà entre les deux capteurs.
Excepté pour les efforts très courts (pics de puissance), les différences de valeur entre les deux capteurs sont inférieures à la fourchette de précision donnée par les deux fabricants de capteurs de puissance, soit +/- 1,5 % pour le Powertap et +/- 1% pour le Rotor.
Fiabilité de fonctionnement
Avec un peu de recul, nous pouvons constater que jamais le InPower n’a fait défaut en termes de fonctionnement. Il a toujours parfaitement été reconnu par les différents compteurs utilisés (Garmin Edge 500, 810 et 520) et même par le home-trainer Bkool Smart Pro. Aucune perte de signal constatée, ni valeur incohérente en dehors des pics de puissance au sprint en dessous des valeurs réelles, même si parfois on aimerait pousser plus de watts et qu’on a tendance à incriminer en priorité le capteur de puissance ! Notons un seul beug avec un max enregistré à 1800 watts et visible sur la courbe d’une sortie. C’est quelque chose qui arrive sur tous les capteurs que nous avons testés.
Bilan
Le Rotor InPower s’affirme comme un appareil fiable et efficace de notre point de vue, en plus d’être relativement abordable face à l’ensemble de la concurrence. Bien sûr, il a un défaut : il ne mesure la puissance que sur la manivelle gauche. Cela peut être gênant dans le cas où le cycliste est fortement asymétrique en termes de puissance, ou s’il a de grosses lacunes techniques entre les positions assis et en danseuse par exemple. Quant à la mesure de la puissance maximale, elle n’est de toute façon pas vraiment utile pour travailler : quand on fait un sprint court, on donne tout sans regarder le compteur. Le InPower nous semble par contre tout à fait à la hauteur pour suivre un plan d’entraînement, respecter des consignes, et mesurer les progrès sur tous les intervalles d’exercices types. Et c’est surtout ce qu’on lui demande.
VTT : InPower Rex 2.1, InPower Rex 2.2, InPower Rex 1.1, InPower Rex 1.2, de 779 à 899 €. Manivelle gauche seule InPower Rex 1 ou Rex 2 à 699 €.
Voir aussi :
- Test Rotor InPower REX VTT
- Test longue durée Rotor SABB Ceramic
- Test longue durée pédalier REX 1.2 et plateaux Q-Rings
- Test longue durée potence Rotor S3X
- 33000 km avec un Quarq
- Premier test du Quarq Riken Al
- Premiers tests des nouveautés Powertap
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