Partager la publication "Granit Montana, l’épreuve limousine au coeur du granit"
Alors qu’au mois de juin la multitude d’épreuves nous impose de faire des choix, nous décidons de nous rendre quelque part au coeur des massifs forestiers du Limousin, plus exactement à 20 kms au nord de Limoges dans le village d’Ambazac où se déroule une des épreuves phare du centre de la France : la Granit Montana. En effet, ce fut cette année la 6e édition d’une épreuve au parcours très surprenant qui mérite le déplacement. Petit retour sur notre escapade en terre limousine.
Texte : Fred Ischard – Photos : Ambazac Sprinter Club
Organisée par l’Ambazac Sprinter Club, il nous est proposé deux parcours au choix en formule chronométrée : 60 kms avec 2200m de dénivelé ou bien le défi du jour avec 78 kms et 3100m de dénivelé à gravir qui paraissent démesurés pour la région, et pourtant les organisateurs ne nous auront pas menti. S’ajoute à cela une formule randonnée de 42 kms pour 1500 m de D+. A juste titre, l’épreuve a de nouveau fait le plein de participants, se limitant à 500 partants tous parcours confondus, non pas que la capacité d’accueil soit en cause mais surtout que le terrain de jeu ne permettrait pas de lancer une gigantesque masse de coureurs. De plus, l’épreuve ne veut en aucun cas perdre de sa convivialité.
Concernant l’accueil, nous nous retrouvons donc au bord du très joli plan d’eau de Jonas, tout près d’Ambazac. Sur place, on est comme chez soi, accueil simple, convivial dans un cadre champêtre où se dressent de nombreux massifs forestiers aux reliefs accidentés qui laissent présager d’un terrain de jeu au potentiel énorme.
Un petit tour de reconnaissance aux abords du départ, on s’enfonce dès les premiers mètres du parcours en pleine forêt avec une première montée qui pique les jambes. Une fois au sommet, on se lance sur la descente, une trace à suivre zigzagant entre les arbres, un petit muret à sauter, beaucoup de pente et un terrain au sol meuble avec des virages serrés, tout cela demande beaucoup de finesse et de concentration. En à peine 5 kms, on a déjà une brève idée de ce qui nous attendra le lendemain, il y’aura de quoi vraiment se faire plaisir sur ce parcours.
Malgré de gros orages qui se sont abattus durant la nuit, le départ va être donné à 8h30 pour les 220 courageux prêts à affronter le parcours « extrême ». Assez peu de cadors de la discipline au départ mais beaucoup d’habitués de cette épreuve et de spécialistes du XC marathon désirant relever ce défi. Néanmoins, les présences du tourangeau Sébastien Pelé, du parisien Vincent Lombardi, du belge Julien Delaet, des bretons Sébastien Le Naour et Yann Le Queau ou bien encore du néo martiniquais Stéphane Urbain promettent une belle bataille en tête de course. Par contre, aussi surprenant que cela puisse paraître, on ne recense pas une majorité de coureurs locaux, c’est assez curieux pour une épreuve importante de la région.
On démarre par une petite boucle d’un kilomètre en guise de mise en jambes pour permettre d’étirer le peloton avant d’attaquer les choses sérieuses. La première difficulté assez « longue » va déjà opérer une grosse sélection, tout les favoris se détachent et chacun se retrouve progressivement dans un groupe de son niveau. Les premiers singles sont assez glissants suite aux orages nocturnes mais on retrouve un peu plus de grip que sur la tourbe poussiéreuse. Les difficultés et les descentes techniques s’enchainent très rapidement sur ces premiers kilomètres et la chaleur humide régnant sous les sapins rendent la progression difficile, à cela se rajoute un terrain lourd et collant par endroits.
Après 10 kms, enfin un peu de répit mais de courte durée, on enchaine de nouveau par une descente technique et on retrouve les premières traces de granit sous nos crampons lors de la montée suivante.
On se surprend ensuite à emprunter un tronçon de bitume…. sur 200 mètres avant de retrouver une nouvelle trace qui serpente entre les arbres et les rochers pour déboucher sur un « trou de bombe » géant. La première zone de ravitaillement intervient après 17 kms et déjà près d’une heure trente de course, c’est encore trop tôt pour s’arrêter mais pour beaucoup de concurrents c’est déja l’occasion d’une pause bien méritée.
On poursuit sur ce parcours par une quinzaine de kilomètres très casse-pattes, on enchaine pas moins de 8 difficultés sur ce tronçon, certes relativement courtes mais très pentues avec une adhérence très aléatoire, c’est très usant d’autant que les descentes techniques ne permettent aucun répit. D’ailleurs c’est assez original l’idée de répertorier chaque descente portant un nom sur une pancarte représentant un défi.
En tête de course, le tourangeau Sébastien Pelé prouve qu’ il est en pleine forme et se retrouve seul en tête avec déja près de 10 minutes d’avance sur le duo Sébastien Le Naour et Vincent Lombardi après 30 kms de course.
On passe le second ravitaillement avec déja 3 heures de course et nous ne sommes pas encore à la mi-course, un court arrêt s’impose pour bon nombre de coureurs afin de repartir en forme. Peu de temps après, le parcours 40 kms bifurque vers l’arrivée, tout comme le 60 un peu plus loin mais pour le grand parcours (78 kms), il faut escalader l’ascension du puy de Sauvagnac, une longue montée de 2/3 kms à travers les tourbières des Dauges, un effort plus long qui permet enfin de prendre un rythme plus progressif. On quitte parfois la forêt pour traverser de grandes étendues de fougères. Au sommet de cette difficulté, on retrouve toujours une variété de descentes toutes plus fun les unes que les autres que ce soit entre des blocs de pierres ou sur un tapis de grosses racines.
Nous sommes à mi-parcours au moment de pénétrer sur la base de DH de La Jonchere, une zone dans laquelle on va s’amuser pendant quelques kilomètres en empruntant les sentiers aménagés en prenant soin d’éviter les modules trop dangereux. Il faut évidemment remonter en permanence mais pour bénéficier d’une jolie descente par la suite. Il reste 25 kms avant d’affronter « LA » grosse difficulté du parcours : l’ascension jusqu’au belvedère du Puy de la Garde, 5 kms très difficiles sur un terrain compliqué avec différents obstacles : ruisseau, cailloux, fougères, racines, portage, bref c’est épuisant ! En récompense, au sommet le panorama mérite le détour tout comme la descente qui suit et qui slalome entre des dolmens de granit. On retrouve le tracé du 60 kms pour une fin de parcours en commun, les descentes qui suivent sont parfois engagées mais surtout ravinées par le passage des coureurs précédents. Malgré tout le pilotage reste très plaisant.
Il reste les 15 derniers kilomètres, plus faciles à gérer avec les 3 dernières difficultés de la journée qui deviennent moins difficiles à mesure que l’on se rapproche de l’arrivée mais il faut constamment rester méfiant sur ce parcours qui reste exigeant et technique jusqu’à la fin. Le plan d’eau de Jonas est enfin en vue, une dernière zone herbeuse à traverser avant de franchir la ligne d’arrivée et de venir à bout de ce défi. Les organisateurs ne nous auront pas menti : 78 kms et 3100m de dénivelé bouclés en 5h25 par le vainqueur, le sociétaire de l’UC Joué lès Tours, Sébastien Pelé, qui terminera avec une impressionnante avance de 25 minutes sur son dauphin, le belge du team Raes Niner Julien Delaet. Parti prudemment, il aura effectué une superbe remontée passant de la 6e à la seconde place en reprenant le breton Sébastien Le Naour à quelques hectomètres de l’arrivée qui prendra donc la 3e place. A la 4e place, on retrouvera un autre breton, le très régulier rennais Ludovic Rihet qui termine devant Vincent Lombardi au terme d’une fin de course difficile pour le parisien de l’US Domont.
Cette Granit Montana a donc tous les ingrédients d’une grande et belle épreuve tout en gardant le charme et l’aspect convivial qui la caractérise. La Granit Montana, c’est aussi un parcours très surprenant, 100% forêt et 95% singletracks qui se démarque vraiment des tracés plus traditionnels, un travail soigné et élaboré pour un plaisir de pilotage tout au long du parcours, sans oublier le traditionnel repas aux saveurs locales. En somme, une épreuve à découvrir qui mérite le déplacement. Rendez-vous en juin 2016 pour la 7e édition !
Infos et résultats : ambazacsprinterclub.free.fr
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